On arrive toujours avec un tas de préjugés en Inde, que vous pourrez constater dans la plupart des réactions de vos proches quand vous leur annoncerez que vous y allez.
« C’est pauvre », « C’est sale », « La religion est tellement importante, ainsi que les traditions», « les castes limitent le destin de chacun et les intouchables vivent dans la rue ».
Et bien première nouvelle, l’Inde a fait du chemin depuis Gandhi et si tous ces préjugés ne s’avèrent pas tout à fait faux, ils ne sont pas non plus forcément vrais.Le système de caste viendrait du védisme, une religion importée en Inde il y a des milliers d’années, venue d’Iran.
A l’époque, les castes désignaient le corps de métier auquel appartenait chaque membre de la société. Les castes sont complémentaires pour accomplir les sacrifices rituels de cette religion. L’Hindouisme reprendra certains Dieux védiques et le concept de castes. Avec l’évolution de la religion, l’appartenance à une caste sera déterminée par la naissance et non plus par le métier.
Quatre castes apparaissent, représentant chacune des qualités et des compétences de l’homme ;le Brahmane représente l’intellect et donne de nombreux prêtres et professeurs, le ksatriya le guerrier et par extension les dirigeants, le vaishaya est pratique et matériel, il est commerçant, agriculteur Le sûdra est le serviteur.
Selon l’Hindouisme, une dernière catégorie de personnes hors caste est supposé effectuer les taches indésirables et impures. On les appelle les intouchables, les dalits ou encore les harijans. Pour le visiteur qui ne fait pas attention, il ne se rendra pas compte de l’existence des castes en Inde.
S’il est moins apparent en ville, les castes ont une réelle importance en zone rurale et définit clairement les relations sociales entre les individus.
L’erreur que l’on fait souvent est d’assimiler rang de caste à richesse, et d’appauvrir les intouchables.En vérité les castes concernent le domaine d’activité, et implique d’autres obligations, comme celle de se marier avec une personne de la même caste. Mais on peut trouver de riches intouchables et de pauvres brahmanes. Malgré les inégalités évidentes qu’il comporte, les Indiens sont attachés au système de castes et les opposants sont minoritaires, car il permet de vivre en harmonie avec l’univers, ainsi il serait absurde pour un Hindou de vouloir briser cette harmonie. Par ailleurs les Hindous croient en l’existence de vies futures, au cycle de renaissance. Ainsi l’appartenance à une caste est définie par le Karma de l’être lors de sa vie précédente. De bonnes actions entraine une bonne condition lors de sa vie future.
A l’inverse, ceux ayant commis de mauvaises actions se réincarnent en intouchables pour purger leur peine. La situation des hors castes semble s’améliorer.
Certaines personnalités à l’image de Gandhi se battent pour améliorer leur situation. L’école est gratuite et accessible à tous. Néanmoins les hautes castes détiennent beaucoup d’influences et peu d’intouchables font de longues études.
Mais certains intouchables arrivent à s’élever très haut, l’etat de l’Uttar Pradesh, le plus peuplé d’Inde, est gouverné par une femme intouchable : Mayawati.On estime que plus d’un tiers de la population indienne vit actuellement sous le seuil de pauvreté, soit moins d’1$ par jour.
Ces chiffres sont néanmoins un peu faussés par l’utilisation d’autres modes d’échanges comme le troc, surtout en zone rurale où vivent la majorité des plus pauvres. Ainsi pauvreté signifie analphabétisme, travail des enfants, prostitution et mendicité.
Vous voulez lutter contre ce fléau ?Libre à vous de donner l’aumône à tous les mendiants que vous croiserez mais d’une part vous serez vite à court de monnaie et il pourrait être mieux dépensé auprès d’une ONG sur le terrain. Concernant la mendicité, mieux vaut prendre une décision pour tous les mendiants plutôt qu’au cas par cas.
Réfléchissez y avant d’être confronté à une gamine de 7 ans et ses deux petits frères vivant sur le trottoir ou à un homme tronc. Agissez selon votre conscience, mais ne culpabilisez pas d’avoir plus d’argent qu’eux.
Bon voilà les deux principaux clichés qu’on peut avoir sur l’Inde avant d’y aller.Seulement voilà, à l’image des 500 millions de Dieux du panthéon Hindou, l’Inde a tellement de facettes qu’il est impossible de toutes les voir et les comprendre. Aussi il est très facile d’y découvrir ce qu’on était venu y voir.
Pour notre part, nous y sommes arrivés en ayant en tête la religion omniprésente, la pauvreté et la saleté. C’est donc ce que nous avons vu avant qu’une conversation avec un Indien nous permette de nous ouvrir à ce pays et de l’observer sous un œil nouveau.
En effet, des mendiants trainent dans les rues un peu partout, en effet les femmes portent des saris de toutes les couleurs, Mais il ne faut pas que ces clichés nous empêchent de voir les autres facettes de l’Inde. Avec plus d’un milliard d’habitants sur un territoire pas si grand que ça, l’Inde donne une impression de « wahoo on est serré » constant. En tant que touriste occidental vous serez observé, jaugé, suivi, et abordé par des hordes de curieux (ou plus fréquemment de rabatteurs).
La mode est très différente et si les studios de Bollywood cherchent un figurant de petite taille ayant une moustache et une raie sur le côté pour leur prochain film, nul doute qu’il pourrait y avoir des millions de candidats.
Vous constaterez également très vite que les mœurs sont très différentes.Aussi pour ne pas faire tâche, évitez de manger ou de donner un plat avec la main gauche, utilisée pour les actes impurs. Pour un couple, évitez les étreintes publiques. Par contre les hommes Indiens se tiennent volontiers la main ou le petit doigt. (et parfois le votre si vous êtes amical)
Demandez toujours avant de prendre quelqu’un en photo. Un simple geste avec l’appareil suffit. La réponse est en général une sorte de hochement de tête latéral supposé dire oui. Des fois (souvent…) la personne vous demandera rétribution.
Dans les lieux religieux, les photos peuvent être autorisés, mais pas le flash. En fait tout ce qu’on vous demande c’est de vous comporter correctement avec votre appareil, ne pas le braquer sur les gens mais utiliser le zoom. (par ailleurs pour les portraits les longues focales, zoom à fond, donneront un meilleur résultat.)
Ne mitraillez pas un lieu sacré, surtout si c’est interdit. Enfin ne vous mêlez pas à une crémation pour avoir le meilleur cliché. Pour rester poli, ça serait malvenu !
L’Inde compte un certain nombre de religion : musulmans, sikhs, bouddhistes, jaïns, chrétiens et majoritairement des hindous.
Il y a plus de 500 millions de dieux dans le panthéon Hindou ! Autant dire que cette religion ne semble pas simple.
Voici ce qu’on en a compris :Tout d’abord il y a trois dieux majeurs : Brahma le « père » des Dieux, Vishnu le protecteur et Shiva le destructeur.
Chacun ayant dix représentations et noms différents. Chaque Dieu a également plusieurs femmes qui ont elle même plusieurs représentations.
Par exemple, Parvati est l’épouse de Shiva. L’une de ses représentations est Kali, déesse de la terreur (particulièrement vénérée à Kolkata qui lui doit son nom). Bouddha serait selon les hindous la 8ème réincarnation de Vishnu.
Pour la petite histoire, Shiva rentra de voyage après quelques années. Il trouva sa femme en compagnie d’un jeune homme. Fou de jalousie il lui trancha la tête, sans savoir qu’il s’agissait de son fils qui avait grandi en son absence. Parvati exigea qu’il le ramène à la vie avec la tête du premier être vivant rencontré. Ce fut un éléphant. C’est dur pour lui mais ça nous permet de reconnaître Ganesh.
Bien évidemment et c’est ce qui fait le charme de la religion hindoue et le fait qu’on s’y perde totalement quand on atterrit au milieu, chaque Dieu a un domaine de prédilection bien spécifique mais qui ressemble vachement à celui d’un autre voire parfois s’échange (en même temps, à 500 millions à faire le même boulot, on se marche dessus…) Ganesh est le Dieu du commerce et de la chance et tous les commerçants lui adressent une prière avant d’ouvrir leur échoppe.
Ce n’est pas fini !
Chaque Dieu a une monture ! Ils pourraient se contenter de chevaux et bien non, Parvati chevauche un cygne, Vishnu dans sa forme originelle chevauche Garuda, une sorte d’aigle géant.
Après, il y a tout un tas de spécificités qui donnent un charme supplémentaire ou un voile de brume épais pour la compréhension (une des incarnations de Shiva est sa propre femme !?!) Mais on ne va pas s’attarder la dessus car il s’agit d’une présentation succincte.
Il faut également parler de Rama et Hanuman le singe car ce dernier a de nombreux temples et statues à son effigie. Rama est le héros du Ramayana, l’une des épopées sacrées de l’hindouisme avec le Mahabharatha, où pour sauver son épouse enlevée par Ravana le démon, Rama doit cueillir une fleur sur une montagne. Il demande de l’aide à Hanuman le Dieu singe mais ce dernier, oubliant quelle fleur il devait cueillir, ramena toute la montagne. Rama est une des incarnations de Vishnu.
Beaucoup de gens portent des noms de Dieu et vous rencontrerez un certain nombre de Krishna ou autre Ram.
Les Sâdhu ont renoncé à toute possession matérielle pour la recherche spirituelle et l’arrêt du cycle des réincarnations. Ils vivent quasiment nus de l’aumône, sans toit, sur les routes de l’Inde et du Népal. Adorateurs de Shiva ou de Vishnu, ils se frottent le corps de cendre et se peignent des motifs spécifiques sur le visage. Comme Shiva, ils portent les cheveux très long et la barbe.
Le Sikhisme est une religion récente (XVème siècle) créée par Guru Nanak en opposition au système de castes de l’Hindouisme omniprésent. Guru Nanak profitera de ses nombreux voyages, du Sri Lanka jusqu’à la Mecque pour comprendre et s’imprégner de plusieurs religions.
Selon lui la religion doit unir les hommes et les femmes et non les diviser comme elle le fait trop souvent. Ainsi il « piochera » les éléments opportuns dans différentes religions pour constituer la sienne. Il est vénéré comme le premier Guru.
Par la suite les Sikhs ont souvent été persécutés à travers les siècles et jusqu’au lendemain de l’indépendance. Néanmoins leur persévérance et leur dévouement leur permettent d’occuper de nombreux postes importants dans l’armée, l’éducation ou le sport. Selon la doctrine de Nanak, nous vivons dans un monde d’illusions : le monde physique. Ainsi si les objets existent bel et bien et font appel à nos sens, ils ne font que renforcer nos illusions et nos désirs matériels. Le but est donc de se libérer du cycle des réincarnations grâce à la méditation et aux prières afin de se fondre avec le Dieu unique qui est la seule vérité. Vous reconnaitrez les Sikhs car ils portent la barbe et les cheveux longs qu’ils cachent sous un turban de toutes les couleurs. De nombreux Sikhs s’appellent Singh qui signifie lion. Le premier ministre Indien Manmohan Singh est donc un Sikh. Leur lieu de culte sacré est le temple d’or d’Amritsar qui fut le centre du royaume Sikh pendant 50 ans avant d’être annexé par les Britanniques et rendu à l’Inde à l’indépendance.
En voyage, ce qui reste ce sont les rencontres.
On les distingue en 2 grandes catégories, ceux qui sont habitués aux touristes et les autres pour qui bien souvent l’anglais reste une langue lointaine et obscure.
Ne vous attendez pas à trouver ici une étude sociologique des Indiens, car il n’en est rien. Comment décrire un peuple de plus d’un milliard d’âmes en quelques lignes ? On y réfléchît toujours…
Toujours est il qu’avec ses nombreuses religions, son système de castes, sa classe moyenne qui augmente et son immense superficie, l’Inde accumule les contrastes.
On se contentera donc de vous parler de ceux que vous allez rencontrer. Bien entendu, tout ceci est à prendre au second degré. Du moins presque tout…
Au départ vous aurez l’impression qu’il n’y a qu’eux mais finalement, en proportion ils ne sont pas si nombreux. On les trouve évidemment autour des sites touristiques, des stations de bus, de train ou aéroport.
Exclusivement dans son agence, vous ne le rencontrerez que si vous y allez ou qu’un rabatteur vous y amène, prétextant qu’il s’agit de l’office du tourisme. L’agent vous proposera tout les tickets de bus ou de train possible, voiture avec chauffeur, hôtels souvent éloignés du centre. Si vous cédez à ses avances, attendez vous à payer une commission.
la véritable joie du voyageur en Inde !
Le rabatteur vous attrape à la sortie du bus (parfois même avant), déballe sa carte d’hôtel et vous suit.
Peu de manières de s’en débarrasser mais il en existe tout de même. La plus efficace consiste à l’ignorer totalement, comme s’il n’était pas la. Difficile à faire en bon occidental civilisé, mais en Inde ceci n’est pas considéré comme malpoli. De plus, un « no thanks » que l’on ne peut s’empêcher de prononcer (ça devient très vite un simple « no ! ») est perçu par le rabatteur comme un « ok peut être ».
N’essayez pas de le semer à travers la ville, il vous reconnaitra tandis que vous non. Il disparaitra quand vous aurez trouvé un hôtel, voire le sien.
Si vous choisissez l’hôtel du rabatteur, souvent pas terrible, attendez vous à payer plus cher car en plus du prix de la chambre, vous devrez payer la commission du rabatteur. Attention également à ceux qui vous suivent et vous double juste avant d’entrer dans l’hôtel comme s’ils vous avaient amenés.
« Hello Rickshaw ? » Vous entendrez forcément les conducteurs vous interpeller de la sorte. Vous les trouverez à patienter par groupe de 30 aux abords des gares routières, devant les hôtels ou à ratisser les rues de la ville.
En dépit de leur nombre, les accroches des rickshaws sont plus ou moins identiques. Ca va de « cheap cheap » à « 20 rps » avant même d’avoir indiqué la destination.
Mais quelques uns sont surprenants. On a eu le Rickshaw « tune » et même un conducteur qui nous a chanté « assassin de la policé » de NTM.
Règle obligatoire : déterminer le prix avant la course.
Marchandage obligatoire.
Certains Rickshaws (quasiment tous en fait..) sont également rabatteurs pour hôtels, restaurants et magasins.
Si vous n’êtes pas pressés, n’hésitez pas à faire un tour dans les magasins du Rickshaw. On vous y offrira du Chai, on vous présentera quantité d’objets incroyables (tapis, châles, saris etc..) que vous n’achèterez pas, et vous aurez la course gratuite ou pas cher. Le chauffeur aura reçu une commission sous la forme d’un nouveau T shirt.
2 grandes catégories en fonction du magasin.
Soit l’échoppe touristique, soit la grosse boutique type emporium d’état.
Le 1er aura deux façons de vous aborder, soit très robotique en lançant d’un ton monocorde sans vous regarder un « hello my friend look my shop » ou au contraire très sympa, vous affublant d’un surnom, vous attrapant par le bras et vous présentant tout ce qu’il a en magasin.
Le vendeur du gros magasin vous recevra comme un chef d’état, vous demandera ce que vous voulez voir en 1er, vous offrira thé sur thé puis, à l’aide d’une flopée d’assistant, fera une démonstration chorégraphiée à la seconde près d’un tapis en soie ou d’un marbre fluorescent.
Un rien protocolaire, on découvre parfois parmi ces vendeurs des personnes extrêmement sympathiques et intéressantes. Si vous avez l’occasion (vous l’aurez, parole de Rickshaw) n’hésitez pas à visiter un magasin d’état qui sont de véritables cavernes d’Ali Baba, même si ils sont plus cher que les petites échoppes.
Avant de partir, on nous avait promis des hordes de mendiant, voire même des cadavres dans la rue.
Ce n’est pas tout à fait exact.
On a vu des gens dormir dehors, entièrement recouverts d’un drap. Des mendiants par contre vous en verrez. Plutôt par petit groupe voire seul. Il faut savoir que même le mendiant parle anglais (du moins quelques mots)
Vous en croiserez de toutes les formes, des sans bras, des sans jambes, des avec une cage thoracique énorme et une toute petite tête etc.. et malheureusement de tout les âges. Ils sont plus fréquents dans les grandes villes, en particulier Kolkata.
Il fait hélas partie de tous les types de personnes citées ci dessus.
L’escroc vous apparaitra comme étant n’importe qui et surtout très sympa, de manière à faire tomber votre méfiance.
Les escroqueries évoluent avec le temps. Une des plus classiques est de vous faire tacher le sac à dos pour que vous l’enleviez de votre épaule, une personne vient vous distraire à ce moment là tandis qu’un autre disparait avec votre sac. On nous a parlé d’arnaques farfelues, le rickshaw vous dit que votre hôtel a brûlé, ce qui est confirmé par un faux policier. Libre à vous de rejoindre l’hôtel proposé par votre rickshaw ensuite.
Pour notre part, on nous a proposé d’importer des diamants en France. Diamants qui se seraient révélés être de la pacotille.
Quand vous l’aurez repéré, durcissez le ton et n’hésitez pas à prévenir des gens du coin (hôtels, restaurants.)
Alors choisissez une autre destination s’il est encore temps car en Inde, vos moindres faits et gestes seront épiés par les passants qui se dévisseront la tête pour vous suivre du regard.
Et oui ! En tant qu’occidental vous attirerez l’attention et la curiosité d’une bonne partie des Indiens. Ne vous étonnez pas si dans le train six indiens lisent avec vous votre livre en français, si tous les passants veulent trouver la solution à vos mots fléchés, si l’on vous prend en photo soit discrètement, soit au contraire avec toute la famille et même si on vous demande un autographe.
Les Indiens seront très curieux et ravis de vous connaître. Ils vous poseront alors quelques questions qui pourront vous sembler bizarre avec dans l’ordre :
D’où venez vous ? Quelle est votre religion ? Puis il faudra déballer CV âge études, emploi, puis parfois les questions bonus « quelle est votre connexion internet ? Faites vous partie d’une communauté Internet ?
Bref vous ne manquerez pas de sujets de conversation.